Les cultures de contre - saison: un défi technique
On appelle cultures de contre – saison, les cultures qui sont menées en dehors de la saison habituelle, c’est à dire, en dehors de la saison des pluies.
Elles apparaissent donc en zone tropicale, durant la saison sèche. Elles sont souvent pratiquées dans des petits jardins collectifs des femmes en Afrique, et sont positionnées près d’un point d’eau.
Elles sont d’une grande valeur nutritionnelle, apportant des aliments frais dans une période, plus ou moins longue (9 mois à certains endroits), où tout le reste de l’alimentation est « sec » (céréales, légumineuses).
Le défi technique principal va être de protéger ces cultures.
Il n’y a pas de culture de contre-saison possible sans une réelle clôture qui protège les surfaces cultivées des animaux domestiques qui divaguent (vaches, ânes, chèvres,..) et des animaux sauvages (antilopes, ..) qui se trouvent fort attirés par ces parcelles bien vertes au milieu des surfaces desséchées.
Le plus souvent, les femmes construisent leur clôture à partir d’épineux et autres matériaux naturels, trouvés dans leur environnement immédiat.
Un grand soin doit être apporté à cette barrière, dans sa construction et dans sa maintenance. Il suffit d’une brèche pour que tous les efforts réalisés au niveau des cultures soient anéantis par du bétail qui rentre, piétine et mange les productions.
La saison sèche est très souvent accompagnée de vent chaud. Il dessèche les cultures. Il va falloir mettre en place des brise-vent afin de protéger celles-ci.
Les haies multi-étagées forment les meilleurs protections, amenant en plus de l’ombre sur les cultures et de l’azote dans le sol quand on choisi des espèces de la famille des légumineuses. Ces haies sont positionnées en bordure des parcelles et à l’intérieur de celles-ci afin de constituer un réel maillage agro-forestier.
La saison sèche est synonyme de grand ensoleillement. Certaines cultures – à base de plantes locales - y résistent. Par contre la plupart des plantes maraîchères ont besoin de moins de soleil / plus de fraîcheur, au moins durant les premières pousses. Il est nécessaire de protéger les jeunes plants par des ombrières.
Celles-ci sont à régler au jour le jour, en fonction de la croissance des plants ; trop d’ombre oblige les jeunes plants à s’étioler et ils deviennent alors fragiles – trop de soleil va les brûler, les dessécher.
Garder des arbres au jardin, permet aussi d’avoir une ombre qui se déplace sur les cultures, évitant un excès d’ensoleillement. Le mieux étant de travailler avec un système agro-forestier.
L’environnement étant chaud et sec, l’évapotranspiration des plantes va être à son maximum. Ce qui signifie un fort besoin en eau; si celui-ci n’est pas comblé, cela aboutit au dessèchement des plantes.
En plus des plantes, le sol aussi subit ce phénomène d’évaporation ; ce qui diminue l’humidité du sol en surface et augmente le risque de dessèchement des plantes.
Il va falloir fertiliser le sol avec du compost pour qu’il joue le rôle d’une « éponge », conservant l’humidité et permettant aux plantes d’y trouver leur quantité d’eau nécessaire à une bonne croissance.
De plus il faudra mettre en place une couverture du sol pour réduire l’évaporation de celui-ci, le conserver frais et humide et éviter la formation d’une croûte en surface.
Pour la plupart des ravageurs, en saison sèche, il n’y a plus rien à manger dans l’environnement habituel. Du coup, un jardin de contre – saison va concentrer les attaques de ceux-ci.
Il va falloir protéger les cultures de manière préventive, en désorientant les ravageurs par des plantes à odeurs fortes, en associant les cultures pour une protection mutuelle, en favorisant des bandes de terre laissée sauvage, proches des cultures afin que des prédateurs de ravageurs puissent s’y reproduire.
De manière curative, il va falloir fabriquer des insecticides naturels à base des plantes locales et mettre en place des « rondes sanitaires » afin de déceler dès le début, les attaques de parasites.
La plupart des femmes qui cultivent ces jardins collectifs n’ont pas eu accès aux connaissances techniques qui faciliteraient la mise en place des cultures de contre – saison. Il y a donc des difficultés et pas mal de dégâts.
Par contre, la ténacité de ces femmes, leur courage, leur entraide permettent d’obtenir quand même des résultats fort importants. Les produits récoltés équilibrent l’alimentation des familles durant la saison sèche et fournissent un revenu aux femmes à partir de la vente des excédents sur les marchés locaux.
Ces cultures ont donc un fort impact nutritionnel et socio-économique pour les communautés. Elles vont servir de vecteur de développement de celles-ci.