1000 ha de bananes bios
quand agriculture durable se conjugue avec production intensive
Pour beaucoup, l’agriculture biologique, l’agriculture durable ou éco-climatique sont synonymes d’un faible volume de production.
On a souvent l’image d’une agriculture ancienne, un peu repliée sur elle-même qui ne peut pas participer aux défis économiques et sociaux du 21ème siècle.
Cet exemple de production est là pour démontrer le contraire ; une agriculture biologique, intensive, sur 1000 ha répartis en 15 fermes voisines les unes des autres.
En 2005, l’entreprise agricole « Plantaciones del Norte » basée en République Dominicaine, présentait une monoculture de bananes ; seules quelques parcelles étaient récemment plantées en citronniers et pamplemoussiers, donc non encore productives.
Les bananeraies étaient toutes équipées de câbles et crochets permettant d’acheminer vers les unités de conditionnement les régimes à moindre effort, comme dans toutes les grandes plantations.
Ces systèmes de câbles servaient aussi à acheminer dans la plantation les sacs de compost.
70 tonnes par jour étaient exportées par containers vers les USA et l’Europe en plus de la production chargée dans les camions pour le marché local et régional.
Une production totale avoisinant 25 000 t / an.
Les bananiers font partie des productions qui se récoltent toute l’année. Il n’y a pas de saison particulière, tous les jours les régimes sont coupés.
C’est aussi en continu qu’il faut les amender, les protéger au niveau sanitaire, apporter l’eau nécessaire etc.….
La fertilisation était réalisée à base de compost provenant de l’extérieur des fermes additionnée des résidus de récolte - tronc et feuilles de « la mère récoltée » hachés et laissés sur place en couverture de sol.
Le bananier nécessite chaleur et humidité ; cet environnement est aussi favorable au développement des champignons. On retrouvait donc comme principal problème sanitaire une maladie fongique, la Cercosporiose.
Au niveau sanitaire, le travail résidait essentiellement à trouver l’équilibre entre le développement de la Cercosporiose par un milieu confiné chaud et humide et le déchirement des feuilles par le vent.
Favoriser la circulation de l’air élimine la Cercosporiose, mais trop de vent déchire les feuilles et réduit aussi la production.
Il y avait donc un réel travail préventif d’implantation des bananiers et curatif à partir de rondes sanitaires journalières.
La bonne fertilisation à base de compost équilibré était aussi un facteur de réduction des maladies et des attaques parasitaires.
En complément à ces pratiques, des bandes de terres non cultivées – laissées sauvages donc, entouraient toutes les parcelles de production. Ces bandes constituaient un milieu favorable au développement des prédateurs des parasites des bananiers.
Enfin, des sacs micro perforés entouraient les régimes des bananes à une certaine période de développement, critique vis à vis de certains insectes piqueurs.
L’entreprise avait une main d’œuvre constituée de dominicains et d’haïtiens. Elle payait le même salaire quelque soit la nationalité, fait rare en République Dominicaine où la main d’œuvre haïtienne était déconsidérée.
L’entreprise couvrait aussi les frais de santé pour les salariés et leurs familles et logeait celles-ci dans des maisonnettes attenantes aux fermes.
Chaque habitation était desservie par le réseau d’eau de la ferme et connectée au réseau électrique, fait exceptionnel en milieu rural pour une main d’œuvre agricole.
Enfin, l’entreprise avait facilité l’accès à la scolarisation des enfants des salariés en construisant des écoles et en payant les frais d’éducation.
Avec ses différents engagements, les « Plantaciones del Norte» présentait l’exemple même d’une alliance entre un fort développement économique, une action sociale importante vers des communautés en difficulté liées au développement de l’entreprise et une action environnementale. Un réel exemple de développement durable.
Les « Plantaciones del Norte » sont devenues l’un des plus gros exportateurs de bananes dominicaines avec plus de 300 containers de bananes bios par mois et 700 salariés.