Du désert tunisien au marché européen ; Beni Ghreb, un exemple de développement économique
Le projet Beni Ghreb est situé, dans l’oasis d’Hazoua, à 60 km à l’Ouest de Tozeur proche de la frontière algérienne.
Ce projet s’articule sur deux entités :
En 2015 le GDA présente 94 producteurs. Chacun a une parcelle d’un hectare et produit autour de 10 tonnes de dattes.
Ce projet s’inscrit dans une démarche et une stratégie de développement durable. Beni Ghreb est une entité très circonscrite, très stable, du fait de la certification biologique qui s’inscrit dans une démarche pérenne.
Ici, la relation transformateur – groupement de producteurs est construite pour plusieurs années, d’où cette notion de stabilité.
Celle-ci est d’autant plus forte, que le groupement et le transformateur partagent des identités communes :
Beni Ghreb était certifiée en 2015 par Ecocert pour la certification bios européenne, par Bio Suisse, certificateur pour la Suisse et par Demeter, garantie du respect du cahier des charges d’agriculture biodynamique. Elle était aussi certifiée Fair Trade – pour sa démarche de commerce équitable.
La démarche de Beni Ghreb a démarré en 1990 en se tournant vers l’agriculture biologique. Cette initiative des producteurs a été prise pour résoudre des problèmes d’accès au marché, de commercialisation de leurs produits, de manque d’eau et de manque de formation des agriculteurs. Ils ont créé un GDA pour faire face à ces difficultés.
Après 12 ans, le GDA et l’entreprise ont été créés.
C’est un système basé aussi sur la traçabilité, l’amélioration de la qualité du produit et l’amélioration de l’environnement des oasis.
Beni Ghreb travaille avec différents centres techniques régionaux et nationaux, concernant la production de dattes et plus généralement l’écologie de l’oasis.
Il existe un manque d’eau ; l’eau est pompée à grande profondeur et est salée.
Avec la coopération allemande (GIZ) et le Programme de Développement des Nations Unies (PNUD), ils ont développé deux projets :
En 2002, la production du GDA était de 64 tonnes et le stockage pouvait contenir 90 tonnes.
En 2013 la production avoisinait 1000 tonnes et le stockage était de 600 tonnes ; 40 % de la production a été vendue dans le marché local, sans valorisation de la production biologique.
En 2014, le stockage est de 1000 tonnes afin de pouvoir absorber toute la production.
Les récoltes de dattes se font d’octobre à décembre ; par contre la transformation se fait toute l’année. Du coup l’unité transformatrice est basée sur une capacité de stockage de masse frigorifiée, dès la récolte.
Depuis 2008, la sécheresse se fait sentir avec une diminution du tonnage de dattes produites par ha. Les dattes qui étaient autour de 19 % d’humidité à la récolte sont autour de 12 – 13% maintenant, du au manque d’eau, ce qui abaisse la production à 4-6 tonnes/ha.
Traditionnellement une parcelle d’un hectare faisait vivre 3 familles avec ses cultures étagées. Actuellement, il n’y a plus que la culture du palmier dattier, par défaut d’eau pour les autres cultures. Du coup, seulement une famille vit sur chaque parcelle maintenant. Cela amène, un exode des oasis pour toute une main d’œuvre qui y travaillait. Les propriétaires ne viennent dans leur parcelle que pour « le tour d’eau » tous les 13 jours.
Le problème du manque d’eau se double de problèmes sanitaires.
Les dattes de bonne qualité ne représentaient pas plus de 42% des récoltes – 58 % étaient impropres à la vente, du aux vers.
Pour faire face à ce phénomène, Beni Ghreb a développé un filet moustiquaire qui enveloppe le régime de dattes, le protégeant en Juillet et Août de l’infestation des insectes et des vers qui sont issus de leurs pontes.
Ces filets sont maintenant répandus dans tous les oasis de la région. Beni Ghreb est en tête de la recherche et de l’innovation technologique, et toute l’économie locale en bénéficie.
En plus des problèmes d’eau et des problèmes sanitaires, Beni Ghreb doit faire face à l’avancée continuelle du désert qui menace l’oasis et ses productions. Pour cela un programme de protection de celui-ci a vu le jour dans la constitution d’une « barrière verte » de 40 ha, constituée de végétaux locaux résistant à la salinité et arrosés à partir des eaux récupérées dans les tranchées de drainage.
La reconstitution des oasis à productions étagées permet de stopper l’exode rural et de développer l’économie locale d’une manière pérenne. Elle donne aux jeunes du travail à la production des légumes et des fruits (citrons, grenades,..) et à leurs ventes.
Beni Ghreb s’inscrit aussi dans une démarche de commerce équitable, garantissant des prix corrects aux producteurs, leurs permettant de vivre décemment de leurs productions.
Après 13 ans de fonctionnement, Beni Ghreb est reconnue pour :
Beni Ghreb vend toute sa production et est devenue une marque de qualité. Les clients à l’export recherche la qualité « Beni Ghreb ». En 2015, la demande dépassait l’offre.